Wendy Artin, Hadrien, watercolor, 2009

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Hadrien

November 2009, Galerie du Passage, Paris

Writing by Alexander Purves

De même qu’elle imprègne encore les murs de la Ville Immortelle, l’âme de l’Empereur Hadrien habite indéniablement les oeuvres de Wendy Artin. Fascinée par la Villa Adriana et ses pierres patinées par les siècles, cette aquarelliste au caractère bien trempé a quitté son Amérique natale pour s’installer à Rome. Plusieurs expositions à la Galerie du Passage ont déjà présenté avec succès ses escapades romaines et son travail d'atelier. Pour cette exposition de novembre à décembre 2009, Pierre Passebon présente une trentaine d’aquarelles de Wendy Artin – surtout des monochromes –, qui nous replongent dans la grandeur de la Rome antique.

Tous les chemins mènent à Rome.

Wendy Artin étudie deux ans à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris avant de retourner dans sa ville natale de Boston où elle intégre la School of the Museum of Fine Arts. Après avoir parcouru de nombreux pays, elle jette finalement l’ancre à Rome, subjuguée par la lumière solaire qui transfigure la pierre.

Sur papier Khadi, feuille de coton indien, Wendy Artin jette des traits rapides à la manière d'une calligraphe japonaise saisissant la force des paysages romains et des corps marmoréens qui s’offrent à son regard. Dans un langage plastique enraciné dans les modèles du passé, elle dynamise les statues hiératiques en écho à ses études de nus, noueux et animés. Sous son pinceau, colonnes et coupoles se dressent au milieu de cyprès et pins parasols. « Par touches légères, légères infiniment, transparences sur transparences, elle réussit à nous dire la pierre, le marbre, l’eau, des arbres, des feuilles et l’eau : l’eau qui ruisselle sous son pinceau d’aquarelliste semble aussi fluide sur le papier que dans l’air de Rome », commente l’académicien Pierre-Jean Rémy.

Wendy Artin donne ainsi à voir les « vestiges d’un luxe sans faste, aussi peu impérial que possible, de riche amateur qui s’efforce d’unir les délices de l’art aux douceurs champêtres », tels que les décrit Marguerite Yourcenar dans ses notes des « Mémoires d’Hadrien ».

« Une poétique des ruines »

Pour pénétrer l’âme des lieux façonnés par l’œuvre d’Hadrien, Wendy Artin est venue puiser son inspiration au cœur de la demeure qu’il fit édifier sous son règne, la Villa Adriana. En s’immergeant dans l’atmosphère de ce lieu mythique, Wendy Artin peint « la beauté éternelle des restes de l’Antiquité  » pour capturer la magie du lieu, les événements qui s’y sont déroulés, les histoires qu’il a inspirées, comme celle du jeune amant d’Hadrien, Antinoüs, noyé mystérieusement dans le Nil…

Propices à la rêverie et à l’errance poétique, les aquarelles de Wendy Artin éveillent l’imagination, engageant ainsi le spectateur à recomposer mentalement l’architecture des lieux et à se plonger à travers eux dans l’univers légendaire d’Hadrien.

C’est ainsi la « poétique des ruines » soulignée par Diderot qui imprègne les aquarelles de Wendy ; les traces effacées par le temps et le vent, le vide qu’elles soulignent, les contours du passé qu’elles dessinent, les jeux d’ombre et de lumière qui traversent ces paysages tronqués. La fragilité des ruines, traces de l’âge d’or d’un Empire romain autrefois puissant, invite à la contemplation du temps qui passe sur les pierres blondes de Rome, ce temps qui échappe à l’homme, mais aussi de cet empereur Hadrien qui a échappé au temps. Et de même que Marguerite Yourcenar a su brosser le portrait de cet amoureux des arts, des lettres et de la beauté, le cinéma va bientôt en réveiller la mémoire avec le prochain film de John Boorman intitulé « Memoirs of Hadrian », avec Daniel Craig dans le rôle éponyme.

Wendy Artin, Hadrien, watercolor, 2009

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